LE MONDE 8.12.2008, en premiere page
Des policiers grecs traînent une manifestante lundi 8 décembre à Athènes. Des émeutes ont éclaté samedi dans toute la Grèce après la mort d’un adolescent tué par la police.
Trois questions à Georges Contogeorgis, professeur à l’université Panteion d’Athènes et ancien ministre, sur les manifestations qui ont éclaté dimanche 7 décembre en Grèce après la mort d’un adolescent tué par la police.
Les faits Emeutes en Grèce après la mort d’un adolescent tué par la police
Quelles sont les revendications des manifestants ?
Le mécontentement de la population est d’abord dirigé contre les forces de l’ordre. Les manifestants reprochent à la police de ne pas accomplir correctement sa mission de service public. L’institution policière, qui devrait être au service de tous les citoyens, n’agit aujourd’hui que dans l’intérêt de quelques personnalités influentes. Je connais, par exemple, un directeur de journal qui dispose de trois ou quatre policiers pour assurer sa propre sécurité. Pendant les manifestations de ce week-end, les forces de l’ordre ne sont pas ainsi intervenues pour protéger les commerçants contre les tirs de cocktails Molotov.
Mais cette mobilisation témoigne surtout d’un profond malaise d’une partie de la société à l’égard de la politique du gouvernement grec. Partant de la capitale, elle s’est propagée à tout le pays. Les manifestants dénoncent le fonctionnement d’un Etat qui place l’intérêt d’une certaine classe politique et économique au-dessus de l’intérêt général. Ils réclament la mise en place effective d’un Etat de droit et d’un Etat providence, ainsi qu’une meilleure représentativité des citoyens. Leur objectif, c’est d’être considéré comme des partenaires à part entière du système politique.
Quel rôle tient le mouvement anarchiste dans les manifestations ?
Le mouvement anarchiste, tout en étant très minoritaire, est particulièrement actif au sein des universités grecques. Ce n’est pas la première fois qu’il s’oppose violemment aux forces de l’ordre. A Athènes, il est implanté dans un petit quartier du centre-ville [Exarchia] où l’extrême gauche jouit d’une certaine immunité. La police les tolère à condition qu’ils ne sortent pas de cet environnement bohème et universitaire.
Il faut savoir que la population étudiante est nettement plus politisée que le reste de la société. [En 1973, c’est la révolte des étudiants de l’école Polytechnique d’Athènes qui a précipité la chute du régime des colonels, une dictature militaire à la tête du pays de 1964 à 1974]. Par ailleurs, la police n’a pas le droit d’intervenir sur les campus. Mais l’adolescent qui a été tué par un policier n’appartenait pas à un groupe anarchiste. Il ne portait pas de cagoule et ne participait pas à une action ciblée. Il appartenait à un environnement assez aisé. Samedi, il s’en prenait à la police comme beaucoup d’autres personnes le font chaque jour en Grèce.
Quelle est la marge de manœuvre du gouvernement ?
Les récents événements viendront très certainement bousculer l’agenda politique, mais le gouvernement du premier ministre de centre-droit Costas Caramanlis est dans une situation très difficile. Un an après son élection, il dispose d’une très faible majorité au Parlement et ne parvient pas à sortir le pays de la crise. Par ailleurs, il est empêtré dans une série de scandales. Il n’y a qu’à voir les derniers sondages d’opinion qui donnent cinq points d’avance aux socialistes en cas d’élections anticipées.
Propos recueillis par Elise Barthet
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