L’Europe politique après le Brexit
Georges Contogeorgis, professeur de science politique à l’université Panteion d’Athènes et ancien ministre grec, tire les premières leçons du référendum britannique. A ses yeux, l’avenir va dépendre de la capacité de l’Allemagne à surmonter sa prétention hégémonique.
·  Le Brexit n’est pas un événement isolé. Il est intimement lié aux changements intervenus dans les rapports des forces au niveau de l’Europe politique qui a aboutit à l’imposition incontestable de l’hégémonie Allemande. La gestion de la crise grecque a été l’effet de l’institutionnalisation de l’intérêt des marchés comme finalité des politiques de l’Union ; et non pas un événement lié à la particularité de ce pays. La Grèce a été détruite par décision car on savait bien que si on réussit là aucun autre pay s n’osera pas contredire à la volonté de l’hégémon.
J’avais remarqué à plusieurs reprises que le problème de l’Europe est l’Allemagne et essentiellement le fait que ce pays n’a pas conscience des limites de la force (par exemple ici). De ce fait il n’a pas le sens du compromis. Ayant brutalement abusé de sa puissance, il n’a pas donné le temps nécessaire aux pays européens d’absorber sa volonté de puissance. En plus elle a méprisé la volonté des sociétés qui, plus que jamais, se sentirent mis à l’écart, toute autant que leurs intérêts de la politique de l’Union. Schaüble l’a déclaré à plusieurs reprises : les pays membres doivent s’incliner devant l’intérêt des marchés qui est exprimé authentiquement par la volonté Allemande. Ayant choisit la Grèce comme “Cheval de Troie” pour assiéger l’Europe a misé sur un mauvais cheval. J’ai déjà noté dans ces colonnes que la Grèce avait par son soubassement anthropocentrique une volonté de résistance sans mesure, et de ce fait la capacité de maintenir “ouvert” le problème, voire de l’exporter.
L’avenir de l’Europe politique est largement entre les mains de l’Allemagne et de ses alliés. Si elle ne tourne pas la page en tirant les conséquences, elle va entrainer l’Union à l’introversion et son rêve d’hégémonie à l’échec. Il est fort probable qu’elle ne tirera pas cette leçon, si bien que l’Europe risque, d’un espace de liberté et de prospérité, de devenir un club des prêts à s’incliner devant le souverain. Dans ce cadre, il s’agit de savoir si des pays comme la France se chargeront du devoir de former un noyau dur, seul capable de s’opposer à la volonté de puissance Allemande, avant qu’il ne soit trop tard.
Désormais, l’approfondissement de l’Europe s’oppose à la concentration des pouvoirs entre les mains de ceux (Bruxelles et les Conseils) qui ne jouissent même pas d’une légitimité populaire. Plus que jamais, il est indispensable que le système européen soit institutionnellement lié à l’intérêt, voire à la volonté de la société des citoyens. En dernière analyse, la transformation de l’Europe politique d’un simple système politique régit par le rapport des forces entre les pays membres, en supra-État dont le système politique sera destiné à tenir compte la volonté des sociétés, et par voie de conséquence à servir leur finalité, est une condition indispensable pour que l’Union se tourne vers l’avenir. Autrement, la dynamique centrifuge déclenché par la résistance grecque et ouverte par le référendum britannique, va s’accélérer. Avec pour résultat une Europe qu’on ne reconnaitra plus comme nôtre.
Analyse que je partage totalement. L’Allemagne porte la responsabilité des choix politiques de l’union par sa position dominante et je pense sincèrement que cela a pesé dans la décision des britaniques de quitter cette union. Ce qui s’est passé en Grèce a marqué durablement les esprits et provoqué la montée des nationalismes comme un peu partout. La France quand à elle est à genou pour des raisons évidentes de mauvaises gestions politiques et industrielles conduites par des gens compromis et au service de la rente actionnariale qui n’ont cessé de dévaloriser son modèle social comme on le voit encore aujourd’hui avec le gouvernement Valls et sa loi travail. Dévalorisation constante et culpabilisante en comparaison des exemples anglais dans un premier temps dont on mesure aujourd’hui combien il était fondé et ensuite à celui justement de de l’Allemagne qu’on découvrira tout aussi malsain dans quelques temps. Vous aurez compris qu’il n’y a rien à attendre de Hollande qui restera le plus grand gâchis de la 5ème république et malheureusement, les chances de voir un Mélenchon, seul pour l’instant capable de ranimer les principes fondateurs de la république et de créer une nouvelle constitution sont loin d’être au rendez-vous pour des raisons qui ne dépassent pas le simple “j’aime-j’aime-pas” sur sa personnalité. Cette gauche ira jusqu’à la catastrophe Le Pen plutôt que de considérer l’intérêt général dans son réflexe d’amant toujours trompé, qui jure que jamais on ne l’y reprendra plus et qui campe sur son quand à soi plutôt que de prendre le risque de voir ses cornes de cocu s’agrandir. C’est aussi la deuxième responsabilité définie par la vassalisation consentie par les élites de ce pays, trahissant son âme pour un intérêt à court terme, accoutumé comme un junky à sa dope au bien-faits d’une monnaie spéculative inespérée pour la réalité de son économie. 
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Je suis tout à fait d’accord avec cette analyse sauf une réserve.
Je cite: “Avec pour résultat une Europe qu’on ne reconnaîtra plus comme nôtre”.
Pourquoi conjuguer au furtur? Pour des millions d’ Européens, cette Europe n’est plus la leur (la nôtre)!
Nos très coûteuses élites politiques françaises et européennes préféreront toujours la droite extrême ou l’extrême droite que le bien être des classes populaires.
Et pourquoi faudrait-il que la France soit « la nôtre » ? Ce n’est pas la mienne en tout cas.
Ainsi donc, voilà la source de tous nos maux : l’Allemagne.  Le problème de la France, ce n’est évidemment pas d’être dirigé par Hollande-Valls, non, le problème, c’est Merkel. Bref, c’est toujours la faute aux autres.
L’auteur du billet est Grec. Il n’a aucune raison de se positionner par rapport au cas français. Son propos est parfaitement pertinent.
Nous ne sommes pas encore “après le Brexit”.
Il y a une pression immense outre-manche dans les médias, dans les milieux de la finance, et chez les politiques en faveur d’un nouveau référendum.
Il faut d’autre part, que le parlement Gb entétine ce vote, et ce ne sera pas forcément le cas, beaucoup de MP s’apprêtent à ne pas tenir compte des résultats du référendum.
Entendu ce matin sur France Inter, une partie des Londoniens demande à être indépendante du Royaume “Uni” ; on hésite, est-ce un extrait de Ubu roi ou d’En attendant Godot ? Je dois avouer que cette nouvelle m’a amusée. La city a visiblement chaud aux fesses : citexit !
le problème allemand est double: d’une part- c’est un peuple vieillissant, d’autre part les élites allemandes sont sous influence. Soumission aux multinationales et à l’administration américaine.
Le peuple allemand est plutôt antiaméricain. Les politiques d’austérité bouleversent la société allemande, elles ont créé une nouvelle pauvreté de masse.
La sociale démocratie est en faillite. A court terme l’avenir est sombre.
Si un noyau dur de pays européens proposaient une autre politique: primat de la démocratie, rupture avec la financiarisation, changement de valeur: solidarité remploacerait concurrence, rupture avec l’OTAN,  une politique d’alliance avec la Russie, une grande partie de la population allemande suivrait.
Mémoire et réalité des actes – Un fait depuis bien des décennies:
Certains pays, certains politiques, certaines familles avec des liens ont une idéologie politique qu’ils font perdurer, qu’ils imposent, dictent à l’Europe; une doctrine nocive, qui nie la vie elle-même depuis des décennies (beaucoup furent démasqués, malheureusement des traîtres les ont blanchis et leurs ont donnés le pouvoir).
Les citoyens, les politiques, avec une conscience et une éthique, au lieu de leur obéir aveuglément aujourd’hui feraient bien de les rejeter, de les mettre en lumière et de les faire condamner (tous ceux qui soutiennent ouvertement ou officieusement ces criminels: ils sont et seront toujours coupables, le monde le sait et ne l’oubliera pas – ils pensent que leur pouvoir peut effacer la mémoire collective, ils ont un esprit trop étriqué pour comprendre que cela est impossible).
Un peu de cran et de respect…
maintenant, il faut sortir nos politiques de nos vies, tous ceux qui sont responsables depuis des décennies de cette logique libérale,  cette logique qui en fait l’addition du chomage,  du travail précaire, de la misère des sans abris !!!!
Dehors tous ces menteurs qui n’ont que le pouvoir en tête et leur réelection !!!! il faut les arrêter, sinon ils vont aller au bout de leur logique !!!!! et là malheur à nous
Et surtout dénoncer ces médiats que ce soit la TV la Radio, les journaux qui sont la transmission du pouvoir en place .
Pour tout ça, il faut lancer une pétition nationnale dénoncer tout ce pouvoir en place
   
Cette analyse pose, fort justement, les points sur lesquels l’Europe a échoué et s’échoue. Elle a échoué sur la démocratie, le social, l’équité envers les peuples. Elle n’a réussi que sur la paix. C’était suffisant en période de stabilité mondiale qu’était l’équilibre de la guerre froide. Ce n’est plus le cas aujourd’hui dans la mondialisation.
L’Europe s’est échouée dans les marais du néolibéralisme où la finance et les multinationales l’ont poussée. Une chose écrite dès ses débuts, comme l’a bien développé le livre de Dardot et Laval, « Ce cauchemar qui n’en finit pas » à La découverte.
Elle s’est échouée dans les pratiques malsaines de ses institutions imparfaites. Arrangements entre pays, règles contraignantes de l’unanimité sur des questions essentielles à résoudre, comme la fiscalité, poids excessif d’une caste de fonctionnaires privilégiés à Bruxelles, etc. Et surtout dans une absence de démocratie au profit d’intérêts privés mondialisés, comme la députée européenne Eva Joly le décrit si clairement en 150 pages de son livre « Le loup dans la bergerie » publié par Les Arènes, ,le loup étant celui qui n’aurait jamais du être placé à la tète de l’Union Européenne, Jean-Claude Juncker. Il est l’homme qui a mis en place au cœur du développement du Luxembourg les turpitudes fiscales qui en ont fait le plus grand paradis fiscal, lequel ne peut figurer sur la liste officielle de ces derniers, puisque cette liste ne prend en compte que les pays non européens.. On pourra donc, peut-être y mettre la City, elle même le cœur d’un réseau de paradis dans le monde. D’ailleurs, Anne Michel vient d’écrire un article dans le Monde du 26 titré : « Londres, futur paradis fiscal en Europe ? ».
Comme l’a écrit Eva Joly avant que le Brexit l’ait emporté « Une autre voie doit être ouverte ».

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